Rôle du Conseiller de Vie


"Avant de T'inquiéter du Chemin,
inquiète-Toi du Compagnon."

- Proverbe oriental -

"Les plus belles découvertes cesseraient de me plaire
si je devais les garder pour moi."

- Sénèque -


"Marcheur, il n'y a pas de chemin,
le Chemin se fait en marchant."

Le rôle du Conseiller de vie doit être précisément défini.

L'expression «conseiller de vie» ou «conseillère de vie» a été choisie après une longue maturation. Car, en un tel domaine, si l'on n'est pas, d'emblée, suffisamment vigilant, les caricatures s'imposent plus facilement et plus rapidement que les notions justes.

L'on aurait pu, en effet, aussi parler de «guide de vie», mais le danger de mauvaise interprétation aurait été encore plus grand, tellement fortement certains mots sont aujourd'hui connotés. C'est sans doute la raison pour laquelle la plupart des gens qui se lancent professionnellement dans un tel «conseil», «guidage» ou «coaching» préfèrent conserver l'expression anglaise de «coaching».

Le conseiller de vie donne-t-il des conseils? Pas vraiment. Guide-t-il ses consultants? Pas vraiment non plus. S'il se présentait ainsi il se ferait rapidement taxer de «gouroutisme». Pourtant le mot «gourou» a, au départ, un sens très noble; c'est seulement, là aussi, la caricature de la chose qui en a dévoyé la perception mais non pas la réalité. Mais, une fois que, dans l'opinion publique, la caricature l'a emporté sur la réalité il est très difficile de faire de nouveau prévaloir la notion juste.

Alors, si le conseiller de vie n'est pas un gourou, si, à proprement parler, il ne donne pas de conseils et s'il ne guide pas -- au sens où un guide marche devant - donc précède - pour montrer le chemin à suivre --, alors quel est donc son rôle véritable?

Le rôle du conseiller de vie n'est pas de donner des «conseils» au sens usuel, donc des incitations à faire ou à ne pas faire, c'est-à-dire dans le sens où il dirait à ses consultants «Fais ceci» ou bien «Fais cela», et il n'est pas non plus d'être une locomotive agissante derrière laquelle vont s'accrocher des wagons passifs.

Il est bien plutôt d'aider le consultant à voir le chemin devant lui et plus précisément les étapes qu'il devra parcourir afin d'atteindre son but ou ses objectifs.

En effet, si l'on dit à quelqu'un de faire quelque chose mais qu'il ne sait pas pourquoi il le fait, alors il est clair que, malgré les possibles et temporaires apparences, il n'en retire pas de gains réels et durables.

À cet égard, les mots «conseil» et «conseiller» doivent donc eux-mêmes être précisément redéfinis.

Un conseil est un appel ou une interrogation qui est fait(e) en direction de l'intériorité du consultant dans le but d'attirer son attention sur tel ou tel point du parcours qu'il se propose de suivre.

Un conseiller de vie est quelqu'un qui est capable de rendre visible à son consultant le chemin que celui-ci doit parcourir pour atteindre son but, ainsi que les différentes étapes conduisant vers celui-ci, de même que les aides mais aussi les dangers qu'il pourra rencontrer sur ce chemin.

Le but est donc de rendre le consultant attentif à tout ce qui se présente sur son chemin, de sorte à utiliser au mieux les aides et à éviter au maximum les dangers, rien de plus mais rien de moins.

Le conseiller de vie ne doit donc surtout pas dire à son consultant ce qu'il doit faire, mais uniquement contribuer à l'inciter à la réflexion quant à la valeur – ou l'absence de valeur – de ses buts de même qu'à le placer dans la situation de faire les meilleurs choix par rapport aux buts poursuivis.

L'attention est ici tout particulièrement attirée sur le fait que le conseiller de vie - ou «coach» - ne doit donc pas, même à son insu, chercher à influer, si peu que ce soit, sur les décisions qui vont être prises par son consultant. Il doit uniquement éclairer les décisions de son consultant et non influencer celui-ci en influant sur celles-ci.

Le conseiller de vie n'a donc pas pour fonction de décider à la place de son consultant. Car celui qui fait cela outrepasse son rôle de conseiller et se rend coupable d'atteinte au libre vouloir de la personne qu'il a en face de lui,ce qui est toujours grave. Conseiller n'est ici pas décider ni même influ{enc}er, c'est juste aider à devenir lucide et à voir clair.

C'est rien de le dire, mais, dans la pratique courante, un tel comportement, même si souvent inconscient, est, hélas, très fréquent. Par exemple, dans le milieu scolaire, l'on fera tout pour maintenir le jeune le plus longtemps possible à poursuivre les études engagées en était persuadé «agir pour son bien», mais est-ce toujours automatiquement le cas? Bien souvent, en cela, les désirs personnels des parents et des éducateurs, même inconscients, transparaissent...

Beaucoup de gens qui accepteront volontiers de se laisser conseiller dans des domaines techniques qu'ils ne connaissent pas ou pas suffisamment, tels que l'aménagement d'une maison, le choix d'un mode de chauffage, le choix d'un nouveau modèle de voiture, etc., rechigneront pourtant à avoir recours à un conseiller de vie dans les domaines de leur vie personnelle, familiale, amicale, professionnelle, etc, considérant que ce serait déshonorant pour eux de le faire puisque - croient-ils - ils en savent suffisamment pour gérer eux-mêmes la conduite de leur vie.

Ceux-là se font, à coup sûr, une fausse idée de ce qu'est un conseil de vie et donc un conseiller de vie. Car, encore une fois, ils ne s'agit nullement pour eux de se laisser dicter leur chemin par une tierce personne mais uniquement d'avoir recours à projecteur pouvant parfois s'avérer puissant afin de mieux voir leur chemin.

Dit au figuré, c'est eux-mêmes, le chauffeur, qui, à leur poste de conduite, demeurent le pilote de leur vie, même lorsque, par temps de brouillard ou une fois la nuit tombée, ils font appel à de puissants phares pour éclairer leur chemin.